Un nouveau texte issu de ma collaboration avec le photographe saint-E: link , lors de l'atelier photo-écriture de cette année 2014
Divine
J’ai parcouru bien des mondes et affronté bien des dangers pour la retrouver.
C’est finalement au cœur des ténèbres qu’elle avait été enlevée.
Je descends de longs escaliers étroits, qui me mènent au plus profond de la terre.
Là, une porte noire, couverte de runes séquestrantes, se dresse en un ultime obstacle. Mais le vrai défi se trouve derrière.
Lorsque la magie des runes cède, la porte s’ouvre doucement et je la vois.
Elle est là, à genou, prostrée et soumise au milieu d’un pentagramme que je ne peux franchir.
Une étoffe imprégnée de magie noire emprisonne sa tête, son esprit et barricade son visage.
La voir comme cela me fait mal au point d’en pleurer. Je m’essuie d’un revers de manche et tends ma main vers elle. Il va falloir que je la convainque de se libérer, elle seule peut le faire.
- Madame, dis-je avec révérence et émotion, vous avez été enlevée dès votre plus jeune âge par des êtres à l’âme noire. Ils vous ont fait grandir au milieu des ténèbres pour masquer la lumière qui émane de vous, car ils vous craignent. Mais je viens à vous pour vous sauver, pour vous arracher à cette gangue poisseuse et malveillante. Je vous en prie levez vous.
J’avais espéré que cela suffise à réveiller sa conscience, mais je vois bien qu’il faut que je me livre corps et âme.
- Ce qu’ils vous ont appris à être n’est pas la vérité. Dans les premiers âges, les hommes avaient compris votre importance et vous avaient élevées au Panthéon des Dieux, ce que vous êtes en réalité. Vous êtes les porteuses de vie. En chacune de vous réside une part de divinité et l’homme n’en est que le protecteur. L’homme doit servir et non asservir. L’homme doit vous sublimer et non vous enfermer. Car ceci est notre destin. Protéger l’étincelle divine qui brille en chacune de vous. Je vous en conjure Madame, libérez-vous, nous avons besoin de vous.
- Pourquoi, me demande-t-elle dans un souffle de voix.
- Parce que…Parce que, je vous aime et vous vénère depuis ma naissance. Parce que sans vous je ne suis rien, dis-je en tombant à genou devant elle.
Alors doucement, sa main monte, et de son propre chef elle retire la prison mystique qui recouvre sa tête.
Et la lumière fut.
J.L.H